Voici que l’Europe moderne redécouvre avec horreur, sur son sol, une réalité terrifiante dont elle se croyait pour l’essentiel affranchie depuis la fin des guerres balkaniques. Cette réalité est celle du fanatisme.
Dans une France touchée au coeur qui n’a rien voulu voir venir, on invoque ces temps-ci la « philosophie des Lumières ». L’article qu’on va lire correspond à l’entrée « fanatisme » de l’Encyclopédie (1751-1772) de Diderot et d’Alembert, l’une des oeuvres emblématiques des Lumières (françaises). Cette entrée rédigée par Alexandre Deleyre (1726-1796) est d’une actualité stupéfiante. C’est l’une des plus longues des 17 volumes de texte ; l’une des plus retentissantes aussi. Elle présente l’intérêt de combiner étroitement analyse et histoire. Sa lecture permet de se faire une juste idée de la virulence du combat. Le fanatisme y apparaît comme l’expression liberticide des sentiments que peut mobiliser le discours religieux en politique. Le texte parcourt à grands pas son histoire ; c’est du sang, « des fleuves de sang », des persécutions, des sacrifices, allant jusqu’au cannibalisme et à la castration de masse.
Dans la présentation du texte rédigée à cette occasion, Dominique Lecourt en appelle à une réforme de l’Islam et conclue par un plaidoyer en faveur de la laïcité, seul rempart contre le fanatisme et l’obscurantisme.
Texte d’Alexandre Deleyre (encyclopédiste, écrivain et traducteur, député du département de la Gironde, membre de la Convention nationale) présenté par Dominique Lecourt.