C’est une grave erreur de réduire le principe de laïcité à un affrontement entre instituteurs anticléricaux et ecclésiastiques anti-républicains. Il concerne en réalité la société tout entière. Il y va du rôle de l’État. La République ne reconnaît, et ne finance, aucun culte. L’objectif est d’instaurer une société où toutes les doctrines, rites et cérémonies se côtoient en paix.
Le principe de laïcité refuse le cléricalisme, c’est-à-dire les pratiques visant à soumettre l’État aux articles de foi de l’une ou l’autre des religions. La République n’a jamais pour autant fait de l’athéisme ou du matérialisme une vérité d’État. Son régime est celui de la neutralité philosophique.
Dès lors que toute référence à Dieu se trouve éliminée de la pratique du pouvoir, se pose la question de l’autorité de l’État. Sans recours à une transcendance, comment assurer la libre adhésion de tous à l’organisation de la société ? Les économistes ont imposé l’idée que la politique se résumerait à une gestion des phénomènes sociaux par des experts compétents. Mais peut-on réduire l’idéal politique à l’excellence de la performance technique ou administrative ?
Cette pratique gestionnaire suscite par réaction une demande d’absolu que la politique ainsi conçue ne peut pas satisfaire. Démagogues, populistes et fondamentalistes y trouvent leur compte en jouant sur les peurs des uns et des autres. Les passions qui tiennent en tout être humain à la vie en société ne trouvent plus à s’exprimer que dans le rassemblement de communautés.
La République se doit de redonner à la Raison toute sa valeur émancipatrice.