Une vision globale de l’être humain.
Le coeur de l’Institut est constitué par son conseil d’orientation. Il est composé de personnalités reconnues dans leurs domaines de compétences. Mais ce qui les réunit ici, c’est d’abord la conviction que nul ne saurait aujourd’hui se contenter de sa spécialité. Nous avons tous plus que jamais besoin d’une vision globale de l’être humain pour déchiffrer les messages du monde incertain qui s’annonce.
Prendre la mesure des conséquences des progrès de la science.
Une autre idée-force anime notre conseil : il faut savoir anticiper si l’on veut ne pas se laisser surprendre par les crises qui affectent nos sociétés. Comme au temps de Diderot et de l’Encyclopédie, la condition humaine semble affectée par les progrès de la science et de ses applications. Suite aux développements de la biologie, la filiation est en voie de redéfinition, les relations entre les sexes et les rapports entre générations transformés, donc aussi la réalité vécue de la famille. La médecine scientifique, ayant prolongé la vie, se fait fort de vaincre la mort. Du fait de l’expansion du numérique, nos modes de lecture, d’apprentissage et d’information sont entrés en révolution accélérée. Les loisirs sont changés. L’affectivité même des êtres humains se reconfigure sous l’impulsion de la téléphonie mobile et d’Internet. Tous ces processus affectent l’homme ordinaire, au sud comme au nord. Il ne sait plus guère à quoi s’attendre.
Mettre à profit de nouvelles formes d’énergie.
Trop éloignées du monde social et économique réel, la plupart des institutions d’enseignement et de recherche déçoivent l’attente de ceux qui espèrent des idées concrètes nouvelles. Les plus prometteuses des innovations, comme les nanotechnologies, inspirent autant de méfiance que d’enthousiasme. L’antique fable de l’apprenti sorcier est de retour dans les esprits. Devant les atteintes à l’environnement, faut-il rebrousser chemin ? Ou mettre à profit de nouvelles formes d’énergie et créer une nouvelle société industrielle ? Repenser l’économie ? L’Institut Diderot engagera un travail de réflexion pour comprendre et prévoir les résultats de ces bouleversements. Comme Diderot, c’est de l’homme dont nous voulons partir, c’est à l’homme que nous souhaitons tout ramener.
André Comte-Sponville
Directeur général de l’Institut Diderot