Les démocraties, irremplaçables, n’en comportent pas moins des risques de dérives que dans le vocabulaire de Montesquieu on pourrait qualifier de « corruption ». La liberté des individus risque de se corrompre en licence, l’autonomie en refus de toute forme d’acceptation des contraintes liées au collectif et l’égalité en aspiration à l’indistinction des êtres et des situations. Quant au relativisme, valeur démocratique par excellence, il risque de se corrompre en interdisant toute référence à l’idée même de vérité. L’avenir des démocraties repose sur la faculté des individus à résister à ces risques pour maintenir l’esprit même du respect des autres et du respect des institutions qui fonde l’ordre démocratique.
Par Dominique SCHNAPPER