À de rares exceptions, les entreprises ont laissé les humanités à leur porte. Elles les demandent aujourd’hui, parce qu’elles ont besoin de collaborateurs qui sachent écrire.Dans un monde de service et d’information, où le temps de lecture et d’écriture est considérable, la formation « littéraire », sinon humaniste, devient indispensable. Les humanités entreront ainsi dans l’entreprise de deux manières. D’abord, par l’embauche de jeunes diplômés qui auront suivi des études de lettres ou de sciences humaines. Ensuite, par celle de diplômés de cursus autres que littéraires, au sein desquels il aura été fait place aux humanités.
L’École a fait des choix discutables. Elle ne les corrigera que lorsque les langues anciennes sortiront du giron confiné des options de second rang. Que les entreprises prennent donc la main en attendant. Nul n’est mieux placé qu’elles pour investir dans les humanités : elles ont les moyens d’agir sur les diplômes professionnalisants, sur la formation continue, ou bien à travers des fondations ou des fonds de dotation. Les entreprises paient pour leurs cadres des weekends de team building ; rien ne leur interdit de leur faire mieux connaître Athènes et Rome. C’est à la fois moins cher et plus utile.
Par Jean-françois PRADEAU