L’avenir de la mondialisation
Voici, en quelques pages denses et vigoureuses, l’essentiel d’un livre récemment paru. Ce livre (1914-2014. L’Europe sortie de l’histoire ? ) se présente comme un ouvrage historique. Son écriture répond aux strictes exigences du genre. Mais c’est un livre engagé. Sa visée n’est pas simplement commémorative. Son auteur n’a cessé, depuis quarante ans, de s’interroger à haute voix sur l’avenir de notre pays dans une Europe incertaine.
Ce souci de l’avenir anime l’intervention de Jean-Pierre Chevènement à l’Institut Diderot. Il prend le recul nécessaire et écarte nombre de préjugés. Non, la présente mondialisation n’est pas la première dans l’histoire de l’humanité. Dès avant 1914, ce qui était en question, c’était, comme aujourd’hui, la hiérarchie des puissances (la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Allemagne). Non, ce n’est pas l’opinion allemande qui voulut la guerre, mais un petit groupe inspiré par l’idéologie pangermaniste. Obsédé par la puissance russe, ce groupe croyait, à tort, que l’Allemagne était encerclée, gravement menacée. Non, le nazisme n’est pas né de l’« injustice » lancinante du Traité de Versailles. Dès 1924, l’Allemagne était, pour l’essentiel rétablie…
Quelle erreur d’avoir voulu, depuis 1945, construire une Europe sans nations, sinon contre elles ! De Jean Monet au Traité de Maastricht, nombre de dirigeants européens se sont fourvoyés, jusqu’à s’imaginer qu’une monnaie créée à dessein pourrait fondre plusieurs nations en une…
par Jean-Pierre CHEVENEMENT