Franchir les limites : transitions, transgressions, hybridations.
En biologie, le mot hybride désigne le croisement fécond de deux espèces ou de deux variétés. Anthropologues et généticiens nous apprennent que notre espèce s’est hybridée, au cours des millénaires de son existence, avec les Néandertaliens, les Dénisoviens, et d’autres espèces encore : nous sommes tous des hybrides, traversés par des histoires lointaines, et porteurs de caractères hérités d’un passé profond et d’ancêtres multiples.
Aujourd’hui les « hybrides » sont partout célébrés, encouragés. Les usages métaphoriques de ce mot prolifèrent : les voitures, le travail, l’enseignement, les concepts même sont dits « hybrides ». Tout nous invite à transgresser avec élan les limites, à enfreindre allègrement les cloisonnements, à refuser les ségrégations du racisme et de l’apartheid, à valoriser les mélanges interethniques plutôt que le repli communautaire. Dans l’art et la culture, la fascination de l’hybride est liée à la volonté de briser les carcans mentaux et sociaux, de jouer avec les cadres en croisant ce qui a longtemps été maintenu séparé. Contre l’intolérance et la clôture des catégories typologiques, l’hybridation est riche de multiples interactions possibles dans un mouvement de libération qui semble sans limite.
Et cependant, les limites existent : l’hybridation ne saurait être une injonction universelle. Elle ne peut être que contingente, ponctuelle, expérimentale, dans un monde biologique, matériel et social qui reste un monde de règles et de structures. Certes, il nous faut nous ouvrir aux mélanges et aux interactions possibles aujourd’hui à un niveau jamais atteint ; repenser les exclusions et les hiérarchies et accueillir les innovations techniques qui peuvent améliorer nos vies ; mais il nous faut aussi trouver un chemin pour préserver les spécificités et les identités (dont nous savons qu’elles peuvent être mouvantes et plurielles) :
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