L’art politique n’est pas seulement un art de gouverner, c’est aussi, et peut-être surtout, « un art d’être gouverné », qui ne va pas sans obéissance. Eh oui ! Le droit d’être libre, dans une démocratie, est indissociable du devoir d’obéir ! Car si le peuple est souverain, aucun citoyen ne l’est seul.
Cet écart considérable, entre ce que j’appellerais volontiers ma dose individuelle de souveraineté et ma dose de sujétion ou d’obéissance, explique que chacun d’entre nous soit si souvent déçu, frustré ou mécontent ! On me promet d’être libre (et nous le sommes en effet, mais ensemble, donc aussi les uns contre les autres) et on me demande d’obéir !
De là les tentations populistes, qui voudraient toujours plus de démocratie, notamment participative, tout en refusant trop souvent d’obéir, voire en rêvant parfois d’un pouvoir fort ou « illibéral », qui les dispenserait de démocratie, y compris représentative !
Pierre-Henri Tavoillot s’adresse à ce que j’appelle le grand public cultivé, c’est-à-dire au fond à nous tous, sans renoncer pour autant à la rigueur et aux connaissances qui lui permettent d’être estimé par ses pairs. Il nous fait l’amitié de « rendre la philosophie populaire », comme le voulait Diderot, sans manquer en rien aux exigences de la philosophie savante.