On regrette souvent que nos compatriotes musulmans ne se dressent pas davantage contre l’islamisme. Voilà un reproche qu’on ne peut pas faire à Chems-eddine Hafiz qui s’y attaque de front et le reconnaît lucidement : « Nous ne pouvons pas, en tant que musulmans, nous confiner dans le discours victimaire et faire mine de ne pas voir que certains de nos coreligionnaires continuent de menacer et de tuer au nom de notre religion. »
On verra que notre invité combat sur deux fronts : contre « le terrorisme qui se réclame de l’Islam », tout autant que contre « le racisme antimusulman ». Ces deux combats sont nôtres. On a le droit de critiquer l’Islam, pas celui de haïr ou de mépriser en bloc ceux qui s’en réclament. On a le droit d’être musulman en France, pas celui de violer, au nom d’une religion, les lois de la République.
Ces évidences, que je me contente de rappeler, n’en sont pas pour tout le monde. Aussi est-il important que le Recteur de la Grande Mosquée de Paris, au poste prestigieux qui est le sien, condamne toute forme de racisme, cela va de soi, mais aussi dénonce les ravages – notamment dans une partie de notre jeunesse – de l’islamisme, où il voit à juste titre une « idéologie mortifère », née « d’une vision à la fois littéraliste, radicale et violente » de l’Islam.
On ne peut que se réjouir de ce qu’il « ne cesse de marteler combien la Laïcité est une chance pour le culte musulman en France », et qu’il affirme avec force que sa religion « est parfaitement compatible avec la lettre et l’esprit de la République et de toutes les démocraties modernes ». Et on ne peut qu’admirer le courage qu’il lui faut – il fut « condamné à mort par un prédicateur » et vit sous protection policière – pour affronter ainsi, jour après jour et à visage découvert, les plus fanatiques de ses coreligionnaires.