Alexandre Dézé entreprend de montrer que les sondages politiques, comme outils, sont trop imparfaits, trop peu représentatifs (ou d’une représentativité trop partielle, trop discutable, trop invérifiable). trop peu contrôlés et trop souvent erronés pour pouvoir servir véritablement la démocratie.
Mais les mêmes faiblesses leur interdisent tout autant, ou à leurs commanditaires, de manipuler l’opinion. Les effets de tels sondages sont trop difficiles à calculer, a fortiori à anticiper, et tendent trop souvent à s’équilibrer ou à s’annuler. pour que quiconque puisse les maîtriser à son profit.
Ni « outil de la démocratie » ni « outil de manipulation de l’opinion », les sondages seraient donc sans importance ? Non pas. Ce qui inquiète notre orateur, c’est la place exorbitante qu’ils tendent de plus en plus à occuper dans notre vie politique et médiatique. jusqu’à perturber (non par manipulation mais par leur existence même. à la fois surabondante. incontrôlée et possiblement pernicieuse) le fonctionnement de nos démocraties.
Que conclure, sinon, avec Nicolas Domenach, que les sondages politiques « restent précieux » ? Et, avec Alexandre Dézé, « qu’il est grand temps de poser la question de la place et des usages des sondages dans notre société », qu’il importe sans doute de les contrôler mieux, et surtout de ne pas s’y fier tout à fait (un sondage n’est pas une élection, une opinion n’est pas un vote). Utiles leçons ! Les pages qui suivent ne suffiront sans doute pas à vous désintoxiquer des sondages, mais vous aideront à les consommer avec un peu plus de modération, de prudence et d’esprit critique !