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Le monde d’après

Publié en octobre 2020
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

Nul ne sait combien va durer la crise sanitaire. Tout dépend d’ailleurs de ce qu’on appelle une crise : sans doute pourrait-on la définir comme une situation qui appelle de la part de la société des dispositions exceptionnelles de sauvegarde. Aucune société ne peut vivre en crise permanente. A partir d’un moment il faut accepter et s’adapter. Ainsi pendant longtemps nos sociétés ont vécu avec la tuberculose. Celle-ci emporte encore dans notre pays quelques centaines de personnes chaque année, mais au 19ème siècle, elle était la cause de 20 à 30% des décès. En 1871, année de forte mortalité, elle a provoqué la mort de 270 000 personnes sur une population de 38 millions d’habitants (l’équivalent aujourd’hui serait de 480 000 !).

Les dispositions de nature à limiter les conséquences de l’épidémie, notamment le confinement, ont un coût important et la société doit choisir entre ce coût et une mortalité plus importante. Ce choix exige d’arbitrer entre les jeunes actifs et pré-actifs, qui supportent la quasi-totalité du coût des mesures du confinement et sont moins dangereusement exposés à la maladie et les retraités plus vulnérables, qui ont des revenus garantis, au moins tant que la société pourra les verser. Si la crise perdure ou que des crises similaires se reproduisent, le choix en faveur des jeunes et de l’activité s’imposera.

Mais pour quelle activité ?

D’ores et déjà, nombre de commentateurs estiment qu’il n’y aura pas de retour à la situation antérieure. La crise sanitaire en est parfois la cause directe : par exemple, des restaurants qui auront fait faillite ne redémarreront pas nécessairement, faute d’argent ou de motivation de la part de l’exploitant.

Dans la majorité des cas, la crise sanitaire n’est que l’accélérateur d’une tendance de fond. C’est le cas du développement du télétravail ou bien encore du basculement d’une grande société pétrolière sur les énergies renouvelables. En fait, deux forces vont se conjuguer : les transitions écologique et numérique.

Les premières révolutions technologiques ont consisté à apporter de l’énergie aux hommes, en quantité sans cesse croissante et selon des modalités de plus en plus performantes et souples. Le numérique est à l’origine d’une révolution de sens opposé. Il apporte une capacité infinie de collecter des données, de les stocker et de les traiter en vue de rendre plus intelligente l’activité humaine, c’est-à-dire plus économe de ses efforts, des autres ressources, notamment non renouvelables, et de l’énergie tout spécialement.

Globalement, croissance de la population et développement des pays émergents mis à part, cela implique une réduction de l’activité économique mesurée à travers le PIB. Le concept de PIB était adapté à une période où toute production pouvait légitimement être considérée comme utile. Mais il est progressivement apparu que beaucoup de productions ne se révèlent comme progrès que si on néglige les externalités, c’est-à-dire la pollution ou l’épuisement des ressources qu’elles impliquent. Le passage à une économie numérique va permettre de renforcer l’utilité de la production, c’est-à-dire d’améliorer le niveau de vie, apprécié à partir des utilités consommées et non de leur coût. Le PIB subira donc une contraction relative.

Le monde de demain verra se concrétiser cette évolution sous de multiples formes : le télétravail et moins de trajets, donc de temps global pour une production donnée, le recyclage, l’économie circulaire, la lutte contre l’obsolescence, le localisme et d’une certaine manière, moins de travail, l’oisiveté acquérant une valeur économique non traduisible dans le PIB et mise en évidence par la réticence de beaucoup à retourner travailler après le confinement.

L’opposition frontale entre l’économisme qui cherche à apporter aux populations davantage de satisfaction par la consommation et les écologistes qui souhaitent stopper la croissance pour sauver la planète trouverait sa solution dans un dépassement dialectique combinant une progression des utilités à la disposition des citoyens sans que le PIB ne progresse nécessairement.

 

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