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La politique objective

Publié en juin 2016
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

 

Bien des oppositions politiques sont fondées sur des éléments subjectifs- valeurs différentes d’une part – le rôle du gouvernement, l’importance accordée à la solidarité ou à l’efficacité économique, l’importance accordée à la sécurité, etc … – et à l’opposition d’intérêts d’autre part, tels que celles qui opposent consommateurs et producteurs ou salariés et employeurs, mais il existe aussi quelques règles dont les acteurs du jeu politique méconnaissent, consciemment ou non, le caractère objectif : les règles et leur méconnaissance sont les unes et les autres à l’origine de bien des problèmes.

La première qu’on doit citer est que  lorsqu’il s’agit de diriger un système complexe -ce qu’est une entité politique – il ne peut y avoir de centres de décisions multiples et indépendants ; c’est pourtant le cas ; la France, comme beaucoup d’autres pays, a délégué la maitrise de sa politique économique à diverses entités supranationales : Europe et BCE bien sûr, mais aussi OMC et FMI et subit, de manière moins formelle, l’influence des Etats-Unis. Dans le même temps, elle prétend conserver une totale indépendance sur beaucoup d’autres sujets, en particulier la politique sociale ; la politique économique détermine les moyens, les autres politiques leur emploi, l’autonomie des deux politiques ne peut  que conduire à l’échec.

La seconde règle, très liée, est que la gouvernance d’une entité doit rechercher l’optimum pour l’entité dans son ensemble et non celui de chacune de ses parties prise une à une, ce qui ne serait pas possible. On accuse souvent le capitalisme d’inspirer les politiques libérales des organisations internationales : c’est de son intérêt certes, mais un organisme comme l’OMC qui a vocation à contribuer au plus grand développement possible de l’économie mondiale n’a pas d’autre choix que le libéralisme Mutatis mutandis, la situation est la même pour les pays européens face à la Commission européenne et à la BCE ; en effet, s’il est besoin , par exemple, de créer une usine quelque part, chaque pays peut souhaiter que ce soit chez lui, car il vise légitimement son propre optimum, mais l’optimum global ne sera atteint que si cet investissement est fait à un certain endroit, par exemple la Roumanie plutôt qu’en France : ou il existe un gouvernement global qui peut imposer ce choix (c’est ce que prétendait faire l’URSS par rapport à sa zone d’influence), ou il doit résulter du libre jeu des forces économiques auquel seul le libéralisme permet de jouer leur rôle.

La troisième règle est que la suppression des obstacles à la circulation des hommes, des marchandises et des capitaux nécessaire à l’atteinte de l’optimum économique mondial conduit à la concentration de ces facteurs de production là où ils sont le plus productifs avec deux conséquences particulièrement mal vécues :

–       On crée des zones de sous activité  et d’autres de prospérité, ce qui  déclenche des migrations des premières vers les secondes, mal vécues par ceux qui doivent émigrer comme par ceux qui sont censés les accueillir.

–       Le public apprécie les retombées positives de cette politique : amélioration du niveau de vie due à la suppression des taxes et à l’accès des productions bénéficiant de la spécialisation internationale du travail, mais considère que les résultats en termes d’emploi qui en sont le corollaire, sont le résultat d’une mauvaise politique.

Le champ pour l’expression des  préférences subjectives reste large, mais on ne peut méconnaitre l’existence de logiques dont on ne peut s’affranchir, au-delà  du simple discours. Par exemple, la remise en cohérence entre la politique économique et les autres politiques peut se faire en retrouvant la maitrise de l’économie ou en considérant l’économie comme une donnée qui s’impose aux autres décisions.

Dans l’histoire, périodes de libre échange et de protectionnisme alternent parce que l’une et l’autre ont des avantages qu’on recherche en les adoptant et des inconvénients qui se révèlent progressivement, dont on se débarrasse en passant  pour un temps à la politique opposée …

 

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