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Image et réalité de l’assurance

Publié en janvier 2011
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

Les enquêtes d’opinion montrent que l’assurance a une image déplorable. Les médias grand public répètent volontiers le dicton selon lequel les assureurs sont toujours là pour encaisser les primes, jamais pour payer les sinistres. Nos sommités politiques ne manquent aucune occasion de prononcer des âneries à propos de cette activité.

La réalité est pourtant fort différente. Chaque année, la profession règle en France à peu près :

– 10 millions de sinistres « automobiles » ;

– 3 millions de sinistres « habitations » ;

– 400 millions d’actes de santé ;

– 1, 5 millions de prestations d’assistance ;

et bien d’autres choses encore.

Les enquêtes menées auprès des bénéficiaires révèlent un haut niveau de satisfaction.

Les conflits qui donnent lieu soit à un arbitrage par un médiateur soit à une action en justice ne concernent pas 1 ‰ des dossiers. Et il faudrait distraire de ce chiffre les litiges qui se terminent à la satisfaction de l’assureur, ceux dont la société civile considère qu’il est normal qu’ils soient traités par la justice (gros corporels, par exemple), et ceux correspondant à des réalités complexes, qui opposent souvent des assureurs entre eux, et où seul le juge a autorité pour dégager les responsabilités.

Pourquoi donc ce fossé entre l’image et la réalité ? Entre une vision des assureurs pas très éloignée de celle que l’on se fait des usuriers, exploitant la misère, jetant leurs victimes à rue, et une profession qui en fait rend tant de services incontestables et appréciés ?

La cause pourrait être les profits excessifs de la profession. Mais l’assurance est un des secteurs les moins rentables des bourses et les mutuelles, qui réalisent une grande partie de l’activité, le sont encore moins que les sociétés cotées.

Il y a bien sûr quelques explications techniques.

Un produit matériel est visible, palpable, bien délimité et même un service comme un transport aérien ou une nuitée d’hôtel sont bien définis. En revanche, le contrat d’assurance est un acte juridique protégeant des biens et des personnes dont l’inventaire et l’état sont le plus souvent peu déterminés. Ainsi, l’assurance responsabilité civile de l’automobiliste protège juridiquement l’assuré, mais a été rendue obligatoire, en fait, pour protéger les victimes dont, par construction, on ignore qui elles seront. Quant aux événements, ils sont définis en termes très généraux. Il y a là un espace pour des interprétations différentes. Ainsi une des activités qui occasionne le plus de difficultés est l’assurance « habitation », parce qu’un inventaire précis des biens qu’elle contient le jour du contrat ne peut être fait, que celui-ci évolue d’ailleurs constamment ainsi que l’état et la valeur des biens, et parce que la valorisation d’un objet disparu ou détruit est nécessairement subjective.

La société civile exige des assureurs une grande précision dans leurs contrats. Toute imprécision est interprétée contre les professionnels. Mais la précision juridique détourne les assurés de lire les contrats avant que ne se produise un sinistre. Et lorsque celui-ci se produit, il est trop tard pour constater qu’ils ne sont pas garantis exactement comme on l’aurait souhaité.

Deux autres facteurs semblent encore plus importants.

D’une part, l’assurance a un cycle inversé. Elle demande de l’argent bien avant de rendre un service, lequel au demeurant n’est ressenti comme tel que s’il y a sinistre. À défaut, l’assuré considère que sa prime est un profit pour l’assureur. Les pouvoirs publics, quant à eux, qui sont toujours en retard dans leur budget, éprouvent envie et tentation face à une profession dont les recettes arrivent avant les dépenses. Ils s’empareraient volontiers de ces sommes s’ils pouvaient imaginer quelque accusation en sorcellerie justifiant cette confiscation. À défaut, ils mordillent ici et là pour s’emparer de miettes.

Au final, cependant, c’est probablement l’extraordinaire méconnaissance de la notion de probabilité et de statistiques chez nos concitoyens qui explique cette incompréhension. Qu’un automobiliste sur trois déclare chaque année un sinistre semble inimaginable à nos contemporains. Qu’un accident du samedi soir, au cours duquel 1 ou 2 jeunes sont sérieusement blessés et handicapés, appelle des indemnisations égales à l’ensemble des primes d’assurances auto payées une année dans une ville de 20 000 habitants les laisse ébahis.

Or c’est bien ce qui explique que la prime versée par celui qui n’a pas d’accident n’est pas un profit pour l’assureur.

Dans une culture qui ignore la notion de probabilité et l’abandonne aux spécialistes, tout doit être noir ou blanc. Parce qu’ils détiennent de l’argent, les assureurs sont classés noirs.

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