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Épuisement

Publié en avril 2019
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

Les grands pays développés, à l’exception des États-Unis, donnent de nombreux signes d’épuisement : leur croissance ralentit, leur puissance relative diminue, le progrès technologique sur lesquels ils ont fondé leur puissance se déplace vers d’autres pays, leurs populations se divisent et expriment de plus en plus d’insatisfactions.

Ces pays cessent progressivement d’être les moteurs de l’histoire.

L’érosion de la puissance relative est aisée à comprendre : si des pays plus vastes et plus peuplés s’élèvent progressivement au niveau économique et technologique des anciennes puissances, l’écart commence par se réduire et finit par s’inverser. Ceci ne devrait pas empêcher, mais stimuler au contraire, chez les anciennes puissances, la poursuite de leur développement propre, ce qui n’est pas le cas.

Quelles peuvent en être les raisons ?

Les explications auxquelles on peut songer sont multiples, mais l’impression dominante est que la vague qui les a portés a développé toute sa puissance et commence à refluer. Les éléments moteurs en ont été incontestablement progrès technologique, esprit d’entreprise et de conquête, envie de progrès et une gouvernance favorable.

Le progrès technologique lui-même dépend de l’importance de la population impliquée, ainsi que des budgets qui lui sont consacrés, eux-mêmes dépendants de la volonté de la collectivité dans sa globalité et des motivations individuelles inspirées par la culture ambiante.

L’importance numérique de la population concernée dans chaque pays détermine une limite absolue à l’intérieur de laquelle les effectifs réels dépendent de la gouvernance des pays et de la culture qui motive les individus.

Il est manifeste que la motivation fait défaut pour produire chaque année davantage d’ingénieurs et de techniciens ; la culture de jouissance qui se répand limite les motivations pour s’engager dans l’effort productif et conduit davantage vers des orientations privilégiant l’épanouissement personnel – lettres, sociologie, art etc. – ou la consommation, c’est-à-dire les carrières commerciales. Par ailleurs, il existe un phénomène évident dont on parle peu : le développement technologique appelle une spécialisation croissante qui limite l’intérêt intellectuel de la recherche, la taille des équipes par projet, et l’efficacité globale : la spécialisation appelle une coordination qui alourdit l’organisation et  réduit leur efficacité.

De même en termes de budget : les grands projets mobilisent des moyens colossaux que les collectivités de taille moyenne ont du mal à réunir : l’exemple de l’EPR le démontre. Par ailleurs,  chaque recherche ponctuelle a une efficacité décroissante : l’industrie pharmaceutique est de moins en moins innovante : les investissements requis sont devenus très importants et servent de plus en plus à mettre sur le marché des molécules dont l’emploi s’adresse à un nombre de plus en plus réduit de patients en raison de la précision croissante des troubles qu’elles visent. Les limites existent pour tout le monde mais celles des pays les plus peuplés sont naturellement beaucoup plus élevées.

L’esprit d’entreprise et de conquête se réduit avec la richesse déjà acquise par la population et de son vieillissement ; l’esprit de conquête, qui a conduit à la colonisation, avait son équivalent dans l’entreprise ; ils refluent en même temps, ce qui est souhaitable pour l’un mais regrettable pour l’autre. Une population âgée influence la culture ambiante dans le sens du conservatisme et du rejet du risque. Ce conservatisme, associé à des préoccupations écologiques légitimes et à l’idée qu’à partir d’un certain seuil, l’intérêt d’un revenu supplémentaire en contrepartie d’un travail également supplémentaire et de risques plus importants ne se justifie pas.

Enfin la gouvernance ne pousse plus au développement, or son rôle est essentiel : on a vu la Chine passer de l’appauvrissement pendant la révolution culturelle à une croissance exceptionnelle au cours des 30 dernières années sans que rien d’essentiel ne change en dehors de la gouvernance. Celle des pays développés répond globalement à la demande des populations âgées : se contenter de la richesse acquise, la répartir le plus largement possible tout en garantissant que son usage soit dépourvu de toute forme de risque.

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