
Sur le changement
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Lire la suiteLampedusa, « big data », changements climatiques, crise de l’éducation, addictions, énergies nouvelles… Quels points communs entre ces sujets d’actualité apparemment éloignés ? Rien de direct, mais ensemble et par la combinaison de leurs effets, ils façonnent l’avenir.
Lampedusa annonce des flux migratoires majeurs et irréversibles sous l’effet d’une pression démographique excessive dans les pays pauvres, où sont attendus deux milliards d’habitants supplémentaires d’ici à la fin du siècle, alors que les changements climatiques, des problèmes d’eau et d’érosion des sols, ainsi que l’urbanisation galopante, vont peser sur la production agricole. Dans le même temps, les vieux pays développés vont connaître une dépression démographique, le déclin modéré des effectifs devant être corrigé d’un formidable vieillissement. Enfin, Internet place en permanence sous les yeux des malheureux les images des pays de l’abondance.
Les « big data », le numérique, les startups, c’est l’ébranlement des structures traditionnelles, États, entreprises, syndicats. L’emploi traditionnel se réduit et devrait se réduire encore avec le développement des robots et des applications numériques qui permettent de faire collaborer des personnes dispersées à une œuvre commune. C’est l’objet des entreprises virtuelles comme Uber ou Airbnb. Plus généralement, le numérique favorise le développement de l’économie virtuelle, voire clandestine, les autoentrepreneurs, les emplois intermittents, la sous-traitance, les plateformes d’échanges. Le château fort que représente le droit du travail résiste, gardé par les syndicats, mais il est contourné par ces nouvelles formes d’activité économique qui l’ignorent.
La fiscalité, colonne vertébrale des États modernes, n’arrive pas à saisir la réalité des multinationales en général, des sociétés du net en particulier. Les chauffeurs d’Uberpop, quand ils sont encore tolérés, esquivent l’impôt. C’est le cas plus généralement de tous les acteurs travaillant dans les économies collaboratives reposant sur des échanges informels. La charge fiscale et réglementaire sur les acteurs de l’économie traditionnelle s’en trouve durcie, tue des emplois et fait basculer davantage de monde dans l’économie informelle.
Nous connaissons aussi une crise de l’éducation, la perte de valeurs et de repères, l’affaiblissement des forces d’intégration, le développement des addictions, le chômage, tous facteurs d’une société sans colonne vertébrale, mobilisable pour n’importe quel objectif par ceux qui sauront y faire.
Les énergies nouvelles, par ailleurs, remettent en cause le caractère centralisé de notre système actuel de production et de distribution.
Chacune de ces tendances renforce les autres. Les grandes structures traditionnelles, États, grandes entreprises, universités, hôpitaux, que leur puissance nous a conduit à croire nécessaires et éternelles, s’érodent. La crise grecque montre que les grandes bureaucraties comme l’Europe ne sont pas viables. Mais toutes les grandes structures sont bureaucratiques !
Une nouvelle géographie se dessine. De nouvelles structures apparaissent, porteuses de nouvelles cultures. De nouveaux pouvoirs, de nouvelles monnaies, de nouvelles hiérarchies.
C’est un monde nouveau, qui aura lui aussi ses avantages et ses inconvénients, qui aura tendance à en favoriser certains, à en défavoriser d’autres. Nous craignons l’arrivée de ce monde. Mais elle est inéluctable. Et n’oublions pas que notre monde actuel aurait pour sa part terrifié nos aïeux.
Article paru dans Courtage News de septembre 2015
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