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Une crise structurelle

Publié en juillet 2014
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

Le déclencheur de la crise économique dans laquelle nous baignons est, comme chacun sait, la crise des subprimes. Celle-ci a mis en danger les banques américaines, puis l’ensemble du système bancaire mondial. Les mesures d’assainissement nécessaires ont aggravé la contraction de l’activité économique. Mais si tout le monde a été atteint, certains l’ont été plus que d’autres. La France, notamment, qui souffre de handicaps spécifiques. Il serait vain de chercher une cause unique : l’activité économique moderne est le résultat d’une multitude de déterminants qui interagissent entre eux et développent leurs effets d’une manière différenciée sur la durée. Certains sont bénéfiques aujourd’hui et néfastes demain, ou l’inverse.

Quatre facteurs, qui se renforcent mutuellement, jouent pour l’instant un rôle négatif :

– le niveau des prélèvements obligatoires. Les économistes libéraux les considèrent comme négatifs en soi dans la mesure où l’utilité de la dépense publique est sous-optimale par rapport à l’allocation des mêmes ressources par le marché. Ils ont aussi l’inconvénient de financer la consommation des ménages, les dépenses des administrations publiques et des investissements alors que leur satisfaction est largement assurée par des importations. Cela pourrait n’être pas si grave si d’autres facteurs avaient un effet contraire :

– Une devise forte. C’est un facteur favorable pour un pays disposant d’une économie industrielle puissante, comme l’a longtemps démontré l’Allemagne. Mais elle est fatale à une économie sans ressort. Elle conduit à importer davantage, rend difficiles les exportations et la différence est payée par des crédits qui s’accumulent.

– La dépendance pétrolière. Une énergie chère est toujours un handicap, mais la hausse très forte du pétrole, passé de 12 dollars le baril en avril 1998 à plus de 110 actuellement, est un fardeau considérable. Sans retenir des cours extrêmes, on peut constater que l’augmentation de la facture pétrolière depuis 2005 représente à elle seule près de 2 % de PIB, en dépit de la baisse de consommation due à la crise. C’est un prélèvement d’autant plus néfaste qu’il y a peu de contreparties commerciales de la part des pays pétroliers.

– Les 35 heures. La constatation des conséquences négatives de cette mesure sur la compétitivité de la France ne suffit pourtant pas. Il est probable que le temps de travail continuera à se réduire dans le futur. Le problème est que le timing et les modalités de la réforme ont été particulièrement malheureux. Les RTT, qui en sont la contrepartie pour certains salariés, additionnées aux multiples ponts et vacances, désorganisent le travail. Les efforts de productivité entrepris pour en limiter les effets négatifs sont à l’origine de stress au travail et, au-delà, du rejet du travail.

Enfin, phénomène largement répandu dans les pays développés, mais que la culture française a conduit à développer à l’extrême, un carcan administratif qui bride le développement de ce qui pourrait marcher. Alors que la technologie pourrait permettre une progression annuelle de 3 % de la productivité, celle-ci est réduite de moitié par le poids de cette camisole. Les emplois qu’elle crée qui affaiblissent la compétitivité à laquelle on s’est pourtant obligé en se plaçant dans un monde ouvert à la concurrence.

L’ensemble de ces facteurs se trouve à l’origine d’une baisse significative du niveau de vie des Français. L’endettement public a permis de le cacher un temps. Il devient maintenant manifeste.

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