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Produire en France

Publié en avril 2012
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

La plupart des problèmes importants qui se posent aux responsables politiques prennent la forme d’une opposition dialectique dont la synthèse, lorsqu’elle est possible, s’élabore en dehors d’eux.

Il en va probablement ainsi du problème de la réindustrialisation de la France que la plupart des candidats à la prochaine élection présidentielle ont décidé d’enfourcher.

La réindustrialisation est à la fois une nécessité et une impossibilité.

C’est une nécessité sociale, pour réduire le chômage, et économique, pour permettre un rééquilibrage de la balance commerciale et des paiements. Certes, les bons esprits se sont résignés à la fermeture des usines : « laissons les tâches à faible valeur ajoutée aux pays émergents et vendons-leur des centrales nucléaires, des Airbus ou des TGV. » Malheureusement, on ne peut reconvertir les ouvrières du textile des Vosges et leurs semblables dans la conception et la fabrication de ces produits à forte valeur ajoutée. On ne peut non plus les entretenir à ne rien faire grâce à la valeur ajoutée dégagée par ces réalisations qui sont insuffisamment nombreuses et que, progressivement, les pays émergents prétendent, avec succès, produire eux aussi.

La réindustrialisation est donc nécessaire, mais elle ne peut se décréter. Même dans le monde très simple des années 60 et 70, alors que les échanges mondiaux étaient peu développés et que la France participait au club restreint des grandes puissances, la politique de développement industriel a connu de nombreux échecs. Ainsi, le Plan calcul lancé pour faire démarrer une industrie informatique nationale a englouti sans effet des sommes importantes. L’initiative du minitel nous a donné une avance éphémère mais sans suite, la construction navale et l’aéronautique militaire n’ont pas su s’imposer sur des marchés très concurrentiels.

Les succès se sont cantonnés aux secteurs dont la puissance publique était le client ou le garant auprès de gouvernements amis : le nucléaire, le TGV, l’armement. Les règles internationales ne permettraient même plus, aujourd’hui, de favoriser ainsi le développement de champions nationaux.

La puissance industrielle n’est pas dans la fabrication, mais dans tout ce qui est en amont et en aval : ce qui manque en France ce ne sont pas les usines, mais les entrepreneurs. Il ne peut y avoir d’usines sans entrepreneurs et il y a des usines lorsqu’il y a des entrepreneurs. En effet, la localisation des usines n’est pas subordonnée à des impératifs absolus et simplistes : certes, les salaires et les charges sociales sont des éléments de coût de revient parfois décisifs mais ils peuvent être, le plus souvent, contrebalancés par d’autres facteurs. Ainsi, le temps de montage d’une voiture est de quelques heures seulement et la différence du coût du travail entre la France et la Chine est inférieure au seul coût du transport.

La création d’usines ne peut donc être un objectif en soi, sauf à chercher à devenir sous-traitants de multinationales, en concurrence avec les pays émergents, sans valeur ajoutée et sans perspective d’avenir. La création d’usines doit être recherchée comme la retombée naturelle d’une culture industrielle valorisant la recherche appliquée, l’innovation et l’esprit d’entreprise. Or la culture dominante est indifférente, voire pleine de dédain envers l’entreprise… Chercher à créer des usines dans ces conditions, c’est chercher à cueillir les fruits d’arbres qu’on ne veut pas planter.

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