S'inscrire à notre newsletter

Pour un statut de l’entraide sociale

Publié en février 2019
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

Le monde moderne se caractérise par une participation à la vie sociale limitée d’un grand nombre de personnes, le plus souvent isolées, non employées et disposant de faibles revenus : chômeurs de longue durée, retraités, cas particuliers dus à la santé physique ou mentale ou la marginalisation sociale.

Dans le même temps, un grand nombre de personnes, souvent les mêmes, mais pas nécessairement, ne peuvent pas satisfaire leurs besoins en raison de la modicité de leurs moyens financiers ou de divers problèmes physiques, mentaux ou culturels.

Historiquement, de telles situations ont donné naissance à diverses formes d’entraide ; les bâtisseurs des pyramides et ceux des cathédrales ont ainsi crée des fonds de soutien en faveur de ceux des leurs qui étaient victimes d’un accident et les tisserands de Rochdale ont décidé d’organiser eux-mêmes leur approvisionnement pour améliorer un niveau de vie trop misérable.

Avec le temps, ces activités ont vocation à disparaître ou au contraire, à prendre  de l’importance ; elles sont alors reprises par le marché ou l’État et, en tout état de cause, réglementées pour éviter des distorsions de concurrence avec les agents économiques du secteur concurrentiel.

Des besoins nouveaux naissent en permanence et l’État encourage, par des réductions d’impôts ; les dons visant à apporter une réponse aux besoins non solvabilisés. Les moyens humains assurant la prestation rendue aux personnes dans le besoin sont alors pour l’essentiel, des salariés, exceptionnellement des bénévoles ; ceux-ci ne peuvent bénéficier d’aucune contrepartie, car du travail accompagné par une contrepartie est interprété par l’Administration comme du salariat qui doit respecter toutes les exigences du Code du Travail ; ce n’est pas l’esprit de l’entraide, qui suppose non un don mais une aide matérielle sous forme de travail ou de mise à disposition gratuite d’un bien, logement par exemple.

Or beaucoup de personnes disposent de temps, voire d’actifs divers, qu’elles seraient prêtes à mettre au service de tiers dans le but d’être utiles, d’avoir un rôle positif dans la société, tout en espérant éventuellement réciprocité en cas de besoin.

Aujourd’hui ce n’est pas possible. L’Administration craint les abus qu’une telle entraide pourrait  cacher et la tradition élitiste française veut qu’on donne aux pauvres – en récupérant éventuellement sur le fisc – non qu’on les laisse se débrouiller entre eux : peu importe si, au motif de les protéger contre une éventuelle exploitation, ils restent en déshérence, sans utilité sociale et sans secours.

Cela doit changer, non seulement parce qu’il n’est pas moral de condamner des êtres humains à la marginalisation, mais parce que dans le monde de demain, le travail sera fait par des robots et, en tout état de cause, les travailleurs bénéficieront de très, très longues retraites en bonne santé, le plus souvent dans l’isolement ; il faut que chacun puisse s’activer  pour se rendre utile et exister socialement en même temps que préserver sa santé physique et mentale par une activité et ce, en dehors du marché du travail qui  ne pourra plus absorber la totalité de la population active. La réglementation doit encourager cette évolution avant de songer à en limiter les abus éventuels par des interdits.

L’économie moderne ne peut donner un travail à tous. Le retour au passé est impossible. Il faut donc admettre l’existence d’une économie parallèle. Elle existe déjà de manière informelle pour des activités souvent  illicites. Il faut lui permettre de s’étendre au grand jour pour tout ce que l’économie moderne ne peut fournir aux personnes qu’elle ne sait pas intégrer.

0

Vous pourriez aussi être intéressés par

10 2022

Trop de dettes ?

Banques centrales et économistes s’alarment de la montée de l’endettement à travers le monde qui atteint le niveau record de 3,6 années de PIB. Quel […]

Lire la suite
06 2022

Réformer la retraite

Depuis le rapport effectué en 1991 à la demande du Premier ministre Michel Rocard, la réforme des retraites s’est inscrite au programme de tous les […]

Lire la suite
La fin du travail ? 04 2022

La fin du travail ?

Le développement du numérique en général, de l’intelligence artificielle en particulier, fait craindre à certains l’avènement d’un chômage généralisé. Beaucoup d’innovations apparues depuis le début […]

Lire la suite
12 2021

Le travail

Les entreprises ont de plus en plus de difficultés à recruter. La situation pour certains secteurs comme la restauration est critique. Par ailleurs, pour les […]

Lire la suite
Sur le changement 05 2021

Sur le changement

Dans les sociétés modernes, le changement est devenu une valeur en soi et un synonyme de progrès, aussi la résistance au changement est-elle considérée comme […]

Lire la suite

Suivez-nous sur Twitter

|PRESSE|
✅La #prospective ne s'use que si on ne s'en sert pas.
✅ Dans @LesEchos, l’éditorial de @cyberguerre
✅Les travaux de prospective n'ont jamais été autant disponibles. Mais sans réel impact sur les décisions politiques, regrette Nicolas Arpagian.

Image for twitter card

La prospective ne s'use que si on ne s'en sert pas

Conjoncture, nouvelles menaces, innovations technologiques… les travaux de prospective n'ont jamais été autant disponibl...

www.lesechos.fr

|PUBLICATION|🆕
✅#Lavenirduféminisme ♀️
✅En avant-première de la publication de son prochain ouvrage, @CarolineFourest nous fait l’amitié de répondre à nos questions et dresse, pour l’@InstitutDiderot , un état des lieux du #féminisme contemporain🔽
via

L'avenir du féminisme

Les combats féministes du siècle dernier, foncièrement universalistes et laïques, avaient pour objectif l’émancipatio...

issuu.com

|#Mémoire|
✅ En ce #8mai2023, nous célébrons les 78 ans de la capitulation du régime nazi, le #8mai1945 (le 9 mai en Russie), et nous pensons à toutes celles et ceux qui se sont battus pour la Liberté🇫🇷
✅ Bon #8Mai à tous !

|BLOG|
✅ Le billet d'humeur de Jean-Claude Seys
✅#Diversité & #Démocratie.
✅ Il est de plus en plus difficile, dans notre pays, d’obtenir le consensus d’une majorité de citoyens sur une orientation politique quelle qu’elle soit.
via @InstitutDiderot

Image for twitter card

Diversité et démocratie - Institut Diderot

Il est de plus en plus difficile, dans notre pays, d‘obtenir le consensus d‘une majorité de citoyens ...

www.institutdiderot.fr

|PRESSE|
✅ Quel est le rôle d’un chef d’#entreprise❓
✅ Dans @Challenges, l’éditorial d'#AndréComteSponville.
✅ Ce n’est pas la comptabilité ou l’arithmétique qui fait les bons patrons. La psychologie importe autant ou davantage.
✔️#entreprise
✔️#patronat

|PUBLICATION|🆕
✅Les échecs de la #vulgarisationscientifique🧠
✅La #science en otage de la #postvérité & de la #désinformation⚠️
✅Les exemples ne manquent pas : #nucléaire #climat #vaccin #OGM #5G…
✅Pour @InstitutDiderot, l’analyse de @EtienneKlein.

Petit plaidoyer matutinal pour l’organisation d’assises nationales de la diffusion de la culture scientifique.

Petit plaidoyer matutinal pour l’organisation d’assises nationales de la diffusion de la culture scientifique.

Étienne Klein : "La connaissance est une affaire publique. Mais la vulgarisation ne fonctionne qu'auprès de ceux auprès de qui elle fonctionne, c'est un truisme. Alors, la vulgarisation n'est plus seulement un projet culturel, mais politique." #le7930inter

Charger plus de Tweets