
Conséquences régionales de la transition climatique
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Lire la suiteTribune de Dominique Lecourt dans Le Figaro week-end du samedi 2 – dimanche 3 octobre 2010.
L’activisme écologiste tend à se radicaliser. Nombreux sont les militants qui se regroupent autour du concept de décroissance, qu’ils préfèrent à celui de développement durable. C’est l’idée même de développement avec sa tonalité progressiste qu’ils récusent.
La croissance rencontrerait sous nos yeux « les limites de la planète ». La décroissance serait un fait. Catastrophes écologiques, épuisement des ressources naturelles et bombe démographique en apporteraient la preuve. Notre vision de l’histoire et nos raisonnements économiques devraient sans tarder prendre acte de ces périls. Une morale s’en déduit aussitôt avec pour maîtres mots sobriété, frugalité, modération… Une politique s’ensuit qui annonce la fin de l’ère du travail, la faillite de la société de consommation, à terme l’abolition des rapports marchands et de l’argent. Voici la décroissance devenue une valeur.
Cet utopisme renouvelle une part du vieux fonds socialiste des siècles précédents. Il s’exprime par églogues et récits bucoliques de tonalité rousseauiste ou romantique. On ne saurait surestimer le pouvoir de séduction de ces fables. Bien au-delà des cercles de l’écologie politique, elles nourrissent une idéologie qui s’est insinuée dans tous les pores des sociétés industrielles développées. Le paradoxe veut ainsi que nos contemporains se ruent sur les produits de la technologie la plus avancée pour mieux dénoncer la « civilisation scientifique et technique » comme mortifère.
Mais il ne faut pas prendre tous les militants pour de doux rêveurs. Nombre d’entre eux poussent à l’extrême la logique de leur engagement. Ils s’en prennent à l’industrie comme à la figure contemporaine du Mal – du nucléaire à l’agroalimentaire en passant par les laboratoires pharmaceutiques. Derrière l’industrie, c’est la science qu’ils visent. Ils dénoncent la mauvaise foi de ses « experts » esclaves de leurs financements. Ils exècrent ses chercheurs animés, selon eux, par un prométhéisme démoniaque particulièrement nocif lorsqu’il s’agit de biologistes. Ils tiennent la science pour une « construction sociale » parmi d’autres. Derrière la science, c’est une certaine tradition philosophique occidentale qu’ils mettent en question. Ils se gaussent du « scientisme » et du « positivisme » des savants qui promettaient à l’humanité un avenir radieux. Ils remontent jusqu’aux présupposés du rationalisme classique, celui de Francis Bacon comme celui de René Descartes. Ils récusent leur ambition de soumettre par la science la nature au pouvoir de l’être humain. Et comme c’est en définitive le Dieu de la Bible, bien avant nos philosophes, qui est réputé avoir assigné à l’homme la mission de dominer les autres espèces, il ne manque pas d’écologistes politiques pour s’en prendre aux racines « judéo-chrétiennes » du rationalisme moderne. Ils ouvrent ainsi la voie à un périlleux renouveau du paganisme.
Internet aidant, ces spéculations accompagnent des pratiques de plus en plus violentes. Un certain autoritarisme vert s’exerce au nom de la planète sur la vie quotidienne de chacun. Mais les plus fanatiques peuvent aller jusqu’au terrorisme pur et simple – l’écoterrorisme. En 2008, le FBI allait jusqu’à désigner ce dernier comme plus dangereux pour la paix civile aux États-Unis qu’Al-Qaïda et les autres groupes islamistes radicaux.
La prise d’otages qui vient d’avoir lieu au siège de Discovery Channel ravive le souvenir d’Unabomber, ce mathématicien adepte de la désobéissance civile qui avait, par lettres piégées, tué ou blessé, de 1978 à 1995, seize de ses collèges coupables à ses yeux de contribuer à la dévastation de la planète. Armé jusqu’aux dents, le terroriste de Discovery voulait quant à lui imposer à la chaîne de modifier ses programmes au bénéfice de la vision écologiste du monde !
Son manifeste affirme à son tour que l’humanité serait « la pire des espèces que la Terre ait portée » ; selon un schéma emprunté au mouvement post-humaniste, il prône le renoncement à toute procréation et proclame que « l’avenir n’a pas besoin de nous ».
Face à ces vaticinations tristes, redécouvrons les valeurs de l’humanisme. Ni scientisme ni économisme, il ne se résume pas à forger l’image d’un homme abstrait identifié à l’individu égoïste de la pensée libérale classique. La raison qu’il promeut n’est pas un trésor de certitudes ; c’est la dynamique du doute et de la rectification des erreurs qui la définit. Pas plus qu’il ne saurait renoncer à la croissance de ses connaissances sans se renier lui-même, l’homme ne peut se satisfaire d’un rétrécissement de son être au nom de supposées lois économiques. C’est l’honneur du genre humain que d’avoir compris, par réflexion sur sa condition, qu’il ne saurait répondre à son insatiable et mystérieux désir de se dépasser lui-même sans le partager avec ses semblables. Dans l’état de crise où nous nous trouvons, c’est par un effort d’investissement massif dans la recherche et l’innovation que l’humanité aura chance de se tirer de la mauvaise passe où certains voudraient la voir se complaire. Sciences humaines et sciences dures y trouveront le motif d’un profond renouvellement épistémologique et d’une coopération inédite pour le plus grand bien de la nature et de la société !
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