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Le grand défi

Publié en septembre 2022
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

La transition écologique est considérée comme le principal défi que l’humanité va devoir relever. On accorde une moindre attention à la transition démographique qui, pourtant, concerne encore plus directement les hommes, constitue une contrainte forte dans l’approche de la transition écologique et se trouve très imbriquée avec celle-ci.

Évaluée à quelques centaines de millions avant la révolution industrielle, la population mondiale serait en marche, selon un large consensus, pour dépasser 10 milliards à la fin de ce siècle. Mais un économiste, largement repris par la presse, vient de faire éclater ce consensus : il prévoit une véritable implosion de la population qui pourrait retomber à 4 milliards à l’horizon de 2100.

Quand est-il vraiment ?

L’explosion de la population a été provoquée par une baisse de la mortalité, en particulier infantile. La baisse se poursuit et l’espérance de vie de la population mondiale, actuellement de 72 ans en moyenne, continue à croître, mais son incidence sur l’évolution globale est désormais marginale. La natalité a elle aussi baissé, mais avec un fort décalage dans le temps, à mesure que se généralisaient certaines caractéristiques de la modernité apparues en Europe : amélioration du niveau de vie, progrès de l’éducation et en particulier des femmes, urbanisation… Parti de sept à huit enfants par femme, le taux de fécondité mondiale s’établit désormais à 2,4. S’il continue à baisser au même rythme, le taux de renouvellement de 2,1 requis pour assurer la stabilisation de la population mondiale pourrait être atteint vers 2050 et le pic de la population, qui continuera à croître en raison de la proportion de jeunes, quelques décennies plus tard. C’est le scénario majoritaire.

Un examen plus attentif peut-il conduire à une conclusion différente ?

L’évolution moyenne cache des situations très contrastées :

• Des pays très pauvres, essentiellement situés en Afrique, peu touchés par les marqueurs de la modernité, conservent un taux de fécondité très élevé, le record étant tenu par le Niger avec 7,2 naissances par femme.
Leur baisse de fécondité existe mais elle est très lente. Ces pays vont donc continuer à croître et passer de 1,1 milliard à 3 milliards d’habitants à la fin du siècle. D’autant que les difficultés qui ne manqueront pas d’accompagner le surcroît de population risquent de remettre en cause la timide baisse de la fécondité qui les caractérise. Une influence religieuse s’exerce également dans ce sens (l’exemple de l’Iran montre toutefois que l’influence religieuse ne peut interdire une baisse de la fécondité désirée par la société).

• A l’autre extrémité, les pays avancés ont franchi à la baisse le taux de renouvellement, parfois très fortement comme la Corée du Sud, dont le taux à peine supérieur à 1 permet de prévoir, hors immigration, une baisse de 50 % de la population à la fin du siècle. Dans ces pays, aux premiers facteurs ayant conduit à la baisse de la fécondité, s’en sont ajoutés de nouveaux tels que l’individualisme, le culte de la consommation, la tendance à l’effondrement des frontières entre les sexes et l’égalité homme femme rendue plus difficile par des maternités multiples, le coût des logements en zone urbaine, une baisse de la fertilité…
Ils sont quatre-vingt-six pays ou territoires réunissant près de la moitié de la population mondiale à être dans ce cas, avec un taux moyen de fécondité de l’ordre de 1,7. A taux constant, leur population de géniteurs baisserait de 60 % d’ici la fin du siècle, la population dans son ensemble suivant avec 30 ans de retard. Ce taux lui-même peut encore baisser.

• Entre ces deux ensembles démographiques qui suivraient, avec un décalage dans le temps, des évolutions de sens contraire mais de même ordre de grandeur, existe un groupe de pays ayant un taux de fécondité légèrement supérieur au taux de renouvellement. Si celui-ci continue de baisser d’ici la fin du siècle, selon l’importance de la baisse, il contribuera après une hausse certaine à une baisse globale de la population.

L’incertitude qui existe encore sur le sens de l’évolution laisse entrevoir que l’effondrement est peu probable, d’autant que ces prévisions ne prennent pas en compte les possibilités de réaction des sociétés en voie d’implosion. La France elle-même a connu dans les années 90 une remontée significative de son taux de fécondité. Les États peuvent mener une politique nataliste, les immigrants, dont le nombre va fortement augmenter, peuvent n’adopter que progressivement les comportements des pays d’accueil et la transition écologique peut favoriser le retour de valeurs plus favorables à la reproduction.

Bien que des évènements très peu probables puissent se produire et modifier les conditions d’existence sur terre, la projection des éléments connus donne à penser que la population dépassera 10 milliards en 2070, puis se stabilisera quelque temps avant de redescendre. Mais les hypothèses de comportement au-delà de ce siècle deviennent fragiles.

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