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Déclin ou pas ?

Publié en février 2018
Président de l'Institut Diderot, fondateur, président du groupe d’édition Humensis et président d’honneur du groupe Covéa qui réunit les mutuelles d’assurance MAAF, MMA, GMF et PartnerRe.

Beaucoup de commentateurs de la vie moderne y voient la marche vers un déclin inéluctable : la place de la France dans le monde se rétrécit : l’enseignement se porte mal, l’illettrisme se développe, le chômage règne, le système social se dégrade, la violence progresse…

Tout va mal.

D’autres voient dans ces symptômes des épiphénomènes : l’espoir est permis car des possibilités de redressement existent.

En fait, les uns et les autres ne définissent jamais les références par rapport auxquelles s’analyseraient déclin et espoir.

Il est clair que le déclin non seulement guette le monde qu’ont connu les français nés peu après la guerre, mais  qu’il est déjà bien avancé : la France  faisait partie des vainqueurs de la guerre ; elle disposait d’un vaste Empire, d’une élite modeste en nombre mais de grande qualité qui éclairait l’Empire et les Trente Glorieuses nourrissaient les estomacs et les espoirs.

Bien des choses ont changé objectivement : l’Empire a disparu. D’autres nations ont conquis leur place au soleil, déplaçant le centre de gravité du monde.

La démocratisation des études supérieures s’est accompagnée de la perte du statut d’élite attaché à ce cursus au profit d’autres critères moins aisés à définir. Ceux qui croyaient avoir accédé au sommet de la pyramide sociale se retrouvent au milieu d’une multitude.

Ce déclin relatif s’accompagne sur bien des points d’une dégradation dans l’absolu qui n’est pas imposée par l’extérieur mais résulte de nos choix de société, comme si notre société traumatisée par sa perte de puissance relative, était devenue lasse d’elle-même et se résignait.

On dit que la principale cause de mortalité des êtres humains, au-delà de la cause immédiate qui parait l’avoir provoquée, est la perte de l’envie de vivre.

Il semble en être de même pour la société ; nantie et en paix, elle finit par ne souhaiter qu’un doux endormissement. La chute de la fécondité des autochtones, celle du mariage – entendu comme la formation stable d’un couple indépendamment de toute procédure administrative ou religieuse – la réticence devant l’effort à l’école et au travail, le développement des addictions,  la demande généralisée de prise en charge par la société en sont des manifestations. Dans le même temps des gens risquent leur vie pour immigrer, prendre en charge les fonctions qu’on refuse d’assumer : ils travaillent, ils se reproduisent, ils s’élèvent progressivement dans la société. Ils sont jeunes quand les autres vieillissent.

Nul besoin d’être prophète pour savoir que la civilisation ne va pas s’effondrer, mais se métisser, changer de  mœurs et de dirigeants ; certains tenteront de défendre leurs privilèges anciens par la collaboration, comme l’annonce Michel Houellebecq, accélérant le processus dans l’espoir qu’il ne sera achevé qu’après eux. D’autres émigrent pour trouver ailleurs un futur que leur environnement leur refuse désormais.

Le monde sera-t-il meilleur ou pire ?  Question stupide : il n’y a de jugement valable qu’à partir de critères : pour les tenants de la société d’hier, de son organisation, de sa culture, de sa structure sociologique, le déclin est là et va se poursuivre.

Pour d’autres, dominés d’aujourd’hui, aventuriers d’ici et d’ailleurs, émigrés du monde, l’avenir enfin accessible leur apparaîtra riant.

Et pour les territoires, les pays ? Habitués que nous sommes à considérer que les hommes appartiennent à un territoire, comme le territoire leur appartient, on s’intéresse à l’histoire d’une région dont les populations et les cultures se sont renouvelées constamment en se passant le relais ; des populations survivent, plus ou moins mélangées, des choses subsistent à travers des cultures plus ou moins métissées. Les conquérants, parce qu’ils sont conquérants, qu’ils le soient par choix ou poussés par la nécessité,  défendront ce qu’ils auront conquis et transformé et le porteront plus loin.

Face aux grands empires de demain, l’instinct de survie de l’Europe est affaibli : les forces nouvelles après l’avoir affaibli davantage en accroissant son hétérogénéité  et les discordes internes reprendront le flambeau. Demain ? Après-demain ?

C’est la poursuite de l’histoire au deuxième degré car, qu’est-ce au juste que la France ? – La Gaule celtique- et pourquoi pas celle d’avant ?- Submergée par la culture romaine,  envahie  par les barbares, structurée en régions ennemies, rétrécie au royaume  du 12ème siècle ou étendue à l’Empire Napoléonien, voire à un vaste empire colonial, ou bien encore  fixée aux frontières actuelles, homogénéisée par la religion, l’académie française, la révolution, Jules Ferry, la conscription de masse et la télévision ?

Mais la religion est une citadelle assiégée, peuplée de vieillards, l’académie succombe sous les assauts conjugués de la mondialisation, d’Internet, des banlieues et des féministes ; l’autorité de la Révolution n’est plus qu’un souvenir, Jules Ferry est à la peine devant le refus de l’effort et le développement des addictions, la conscription n’existe plus et la télévision complétée par les réseaux sociaux, joue désormais, dans le grand jeu de la destruction créatrice, le rôle d’exterminateur. La reconstruction créatrice ne sera possible que lorsqu’elle aura achevé sa mission par sa propre élimination.

Une page aura été tournée d’une histoire du monde qui distribue dans le temps et l’espace depuis les perses, Alexandre et les Hans, le leadership du monde.

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