
Trop de dettes ?
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L’étude de la monnaie est certainement un des pans les plus complexes de la science économique ; désormais, avec la création du bitcoin tout parait changé et tout un chacun semble autorisé à se prononcer sur la qualification de monnaie du bitcoin.
Une monnaie est supposée avoir trois rôles ; c’est une unité de compte, une réserve de valeur et un intermédiaire des échanges.
La fonction unité de compte permet de comparer instantanément la valeur relative des choses et la comparaison entre des millions de produits et services est matériellement impossible sans une unité de mesure commune. C’est donc une des bases des économies modernes.
La fonction réserve de valeur a pour objet de permettre des échanges non simultanés de produits ou de services, grande avancée par rapport au troc qui n’était possible que dans la simultanéité des contreparties. Elle permet donc l’épargne et l’investissement.
Enfin, une monnaie est un intermédiaire commode des échanges du fait qu’elle constitue une unité de compte et que son utilisation future par celui qui la reçoit est garantie en raison du pouvoir libératoire qui lui est donné par la puissance publique ou de sa valeur intrinsèque que lui apporte sa teneur en métal précieux, dans le cas d’une pièce d’or, ou encore de la confiance qu’inspire l’émetteur.
Les monnaies sont conçues pour avoir un maximum de valeur pour un encombrement minimum et désormais nul quand elles prennent la forme électronique ; elle doit être divisible, ce qui leur permet d’être la contrepartie d’échanges de tout montant ; enfin, elle présente des caractéristiques de sécurité qui permettent de l’accepter en paiement avec le minimum d’inquiétude concernant sa valeur.
Le bitcoin dispose-t-il de ces caractéristiques ?
Sert-il à exprimer la valeur de biens ou de services ? Même les rares agents économiques qui déclarent les accepter en paiement affichent des prix en dollars ou autres devises officielles et convertissent ces prix au cours du moment avant d’en accepter le paiement en bitcoins.
Constitue-t-il une réserve de valeur ?
Sa contrevaleur dans les autres devises a évolué en peu de temps dans des proportions spectaculaires ; par ailleurs aucun marché de biens et services libellés en bitcoin n’existe qui donnerait au bitcoin un pouvoir d’achat quelque peu stabilisé ; enfin, les bitcoins détenus pour une période prolongée ne peuvent pratiquement pas être placés ou investis dans des conditions légales apportant la sécurité nécessaire à un placement long. Il n’assure donc pas la fonction de réserve de valeur.
Enfin ce n’est pas un moyen d’échange. Encore une fois, les rares agents économiques acceptant les bitcoins le font parce qu’ils participent d’une manière ou d’une autre au fonctionnement du système ou cherchent à se doter d’une image « moderne » ou tirent des revenus de l’économie parallèle. Même dans ce cas, ils n’affichent pas leur prix en bitcoins, mais en dollars et en euros et acceptent les bitcoins en paiement après avoir convertis leur prix en bitcoins d’abord, puis les bitcoins reçus en devises légales.
Il ne s’agit donc pas d’une monnaie. Sa valeur n’est d’ailleurs ni fondée sur celle d’une quantité de métal précieux qu’elle permettrait d’obtenir, ni sur un pouvoir libératoire légal donné par un Etat, ni sur la confiance en la promesse d’une entité émettrice (qui en l’occurrence n’est pas connue et opère en dehors de tout droit spécifique dont un Etat garantirait le respect).
L’argument de la sécurité apporté par la blockchain qui sécurise les transactions est fallacieux ; une fausse monnaie reste une fausse monnaie, même si elle ne peut être volée et de plus si le bitcoin ne peut être volé à l’intérieur de la blockchain, l’entrée dans la blockchain s’opère par des plateformes informatiques non surveillées dont 40 % ont déjà fait faillite, probablement frauduleusement pour certaines.
Cela n’enlève rien aux mérites de la blockchain appelée vraisemblablement à un grand avenir, dans sa version actuelle ou dans des versions futures moins gourmandes en énergie : sa sécurité provient du fait que toute opération entre deux parties est traitée simultanément sur une multitude d’ordinateurs agissant indépendamment dont les résultats doivent se recouper pour que l’opération soit validée. Par ailleurs, une opération n’est pas considérée en elle-même, mais comme un élément d’une chaîne : un achat de bitcoins n’est pas simplement un achat, c’est aussi une vente de la contrepartie, qui elle-même vient après l’acquisition par elle, en une ou plusieurs fois, des dits bitcoins et cette suite ne peut être modifiée car elle a fait l’objet d’enregistrements multiples et indépendants. Enfin, les opérations non seulement reprennent chaque fois l’historique, mais elles sont traitées en blocks avec d’autres opérations qui n’ont rien à voir, mais dans une organisation telle que toucher à une opération, c’est toucher au block et donc prétendre modifier tous les blocks relatifs à toutes les opérations depuis l’origine de la chaine.
C’est un process très sûr … mais aussi très couteux comme on le sait.
Dans le cas du bitcoin, le coût pour les opérateurs n’est pas payé pour l’essentiel, par les initiateurs ou les bénéficiaires des opérations mais par la création de bitcoins, qui paraissent ne coûter à personne.
La blockchain peut servir à toutes sortes d’échanges sécurisés : une quinzaine d’assureurs assureurs et réassureurs mondiaux utilisent ainsi une blockchain pour leurs échanges ; le coût reste modéré car le nombre d’opérateurs indépendants, largement suffisant pour assurer la sécurité, est néanmoins limité ce qui réduit la consommation énergétique. Par ailleurs, leurs opérations portent sur de gros montants et l’intégration des échanges entre blockchain et systèmes internes est une source d’économies. Beaucoup d’applications similaires sont appelées à se développer.
Le fait que le bitcoin ne soit pas une monnaie signifie-t-il que l’émission de crypto monnaies n’a pas de sens et n’est pas concevable ?
Pas du tout. Une monnaie est en fait un titre de créance sur l’économie ; il faut que cette promesse soit juridiquement certaine et ait une valeur économique assurée, soit par sa propre consistance (cas des pièces d’or), soit par un pouvoir libératoire donnant la capacité d’acquérir des biens existants, soit encore par des garanties mobilisables. Le Venezuela vient ainsi d’émettre des petro coins dont la valeur d’émission fait référence au baril de pétrole, mais aucun stock de pétrole n’a été déposé en garantie dans les mains sûres d’un séquestre. Elle ne vaut donc pas davantage que le bitcoin.
La Société Amazon, pourrait dans une certaine mesure, émettre une cryptomonnaie permettant d’acheter chez elle ses produits, dont le prix devrait alors être libellé dans cette monnaie ; dans ces conditions, le bénéfice de l’émetteur serait de nature marketing et d’image puisqu’il devrait accepter cette monnaie contre les produits et denrées pratiquement au cours d’émission ; en tant que de besoin, ce pourrait être pour lui une source de financement à coût très bas ; l’acceptation de cette monnaie par le public aurait comme principale motivation la méfiance envers les monnaies officielles et la possibilité d’en faire usage dans le monde entier avec un minimum de coût et de délai.
Des pays dont la monnaie, comme celle du Venezuela, n’ont plus de valeur, pourraient avoir intérêt à faire émettre par une banque privée, une nouvelle monnaie dont la valeur reposerait sur un gage saisissable. Des pays dont le niveau d’endettement est excessif qui ne peuvent plus faire de la création monétaire classique, du fait de leurs engagements internationaux, pourraient favoriser la création de monnaies privées comme l’ont fait des associations de commerçants dans les foires commerciales.
La constitution de groupes internationaux puissants et l’affaiblissement parallèle de nombreux Etats ainsi que la gestion laxiste de certaines devises telles que le dollar, pourraient être l’occasion de faire émerger des monnaies privées viables pour l’émetteur comme pour l’utilisateur.
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